MJP et Budget 2014
Intervention de Sophie Wilmès pour UF (decembre 2013)
Pour commencer je souhaite au nom de UF remercier les fonctionnaires provinciaux pour leur remarquable travail. La traduction en BBC (Beleid en Beheer Cyclus) d’un plan pluriannuel et d’un budget n’est pas chose aisée. Nous sommes conscients que cet exercice a nécessité beaucoup de professionnalisme et de travail et de la part des différents services. Dans cette perspective, et pour commencer cette intervention sur une note positive, je souhaite également saluer le travail de la députation. Ceux qui sont à d’autres niveaux, comme eux, dans l’exécutif savent que la mise en oeuvre du BBC a été pour les députés aussi un chemin long et parfois difficile.
Bien sûr, ceci ne remet pas en cause les remarques relatives au manque de transparence que nous avons à plusieurs reprises formulées. Si il est vrai que nous avons tant en commission que en séance plénière eu l’opportunité de poser une série de question, et nous en remercions les présidents de séance, l’exercice aurait pu, aurait dû, être envisagé d’une autre manière. En effet, si les nouvelles règles relatives au BBC n’imposent pas à un exécutif de chiffrer ces « Plan d’action » et « Action », elles ne l’interdisent pas non plus. On nous explique que tout a été dit lors de l’exposé introductif. Il est vrai que les grandes lignes s’y trouvent. Etait-ce si difficile de nous faire part des hypothèses retenues dans l’établissement du plan pluriannuel et d’informer de manière proactive les raisons des grandes variations dans celui-ci ?
L’approbation d’un projet passe aussi par la maîtrise des données financières qui en sont sous-jacentes. La majorité ne nous en donne pas les moyens.
Eu égard à l’exposé introductif justement…quelle ne fût pas notre surprise de réaliser que celui-ci était, en primeur, proposé à la presse. Je ne parle pas ici du mail que l’on a reçu une 20 aine de minutes avant la conférence de presse car ce ne serait pas très sérieux.Tenant compte de la diminution des compétences et des moyens disponibles de notre institution, la majorité nous propose une série de plans et projets avec en toile de fond la bonne gestion financière de la province. Mais est-ce bien exact ? N’êtes vous pas en train de nous proposer de mener, grâce au passé, un train de vie que l’on ne peut plus se permettre, même avec les efforts budgétaires proposés ?
L’étude du plan pluriannuel nous montre clairement que après avoir dépensé en une année l’entièreté de nos réserves (30 Millions), nous allons considérablement augmenter notre niveau d’emprunt (passant ainsi de 73 M à 114 M soit une augmentation nette du niveau des dettes pour la mandature de 56%).
En d’autre mot, la politique proposée par la majorité nous appauvrira d’un total de 66 millions. Ce n’est pas rien. Où allons nous ? Faisons nous vraiment avec ce que l’on a ? Vas t’on vraiment maintenir le cap sans augmentation d’impôt durant cette mandature? Ne va t’on pas une fois de plus charger les communes (même de manière indirecte) ? Nous ne prétendons pas que l’exercice est facile, mais je ne vous cacherai pas que nous avons de fortes craintes sur ce que l’avenir nous réserve.
Au delà de ces considérations financières importantes, si l’on retrouve dans ce programme des dépenses utiles et même essentielles, ceci n’est pas le cas pour tout. Allons nous continuer à dépenser près de 1 M € par an au soutien à la politique du « Vlaams Karakter » ? N’avons nous pas dans cette province d’autres challenges qui mériteraient un effort financier supplémentaire ? Nous pensons que oui. La gestion des inondations, le soutien au développement économique ou au logement, la lutte contre la pauvreté… Il n’y a qu’à choisir, les défis sont nombreux.
La politique du Vlaams Karakter, justement parlons-en… nous savons bien qu’elle ne se limite pas au Million destiné à « l’objectif stratégique » et aux deux « plans d’actions » exposés dans le budget. On la retrouve cachée, plus ou moins subtilement dans d’autres domaines. UF a déjà eu malheureusement maintes fois l’occasion de le souligner. Que ce soit par l’exclusion des francophones (ou d’ailleurs de tout autres non-néerlandophones) de certains forum comme c’est le cas pour Vlabraccent, que ce soit par la sur-réglementation linguistique aussi exagérée qu’incompréhensible au sujet de la communication relative à un évènement « poduim kansen » dès lors qu’il est subsidié par la province , que ce soit encore par le biais , l’air de rien, d’une description introductive à une décision aussi fausse qu’irrespectueuse, la politique du VK s’insinue partout et va malheureusement bien au delà de la promotion du néerlandais en tant que langue et atout culturel.
Nous demandons formellement à cette majorité de pouvoir reconnaître les limites de cette politique et d’avoir le courage d’en refuser les excès. Soyez assurés que l’UF restera extrêmement vigilante sur ce point. Il en va non seulement du respect de la constitution, du respect des libertés individuelles mais aussi de manière plus générale du type de société dans laquelle nous voulons vivre.
La vie de notre province ne se limite heureusement pas au débat communautaire. Les soutiens à l’économie, l’enseignement, la mobilité, la santé sont d’autant de défis importants pour notre société.L’environnement est un point d’attention important. Si nous partageons le soucis de veiller à la protection de notre environnement, nous continuons néanmoins à ne pas comprendre le choix de consacrer 3,5 Millions à la biodiversité (même dans le cadre de subsides aux tiers) alors que seulement un tiers de ce montant est consacré à des actions concrètes pour le climat et des projets durables.
Une importance particulière est données à la lute contre les inondations (5 M) via par exemple l’entretien des cours d’eau, la lutte contre l’érosion et les investissements prévus spécifiquement pour la construction de bassins d’attente et autres zones inondables. Etant donné l’augmentation considérable des fortes pluies et, pour leurs victimes, leurs conséquences dramatiques tant au niveau économique que sociale UF ne peut qu’encourager la majorité à continuer dans cette voie voire même à augmenter encore ses efforts. La création d’un guichet agricole dans les communes (landbouwlokket) qui permettra aux exploitations agricoles existantes et nouvelles de mieux se développer en harmonie avec les préoccupations des habitants et d’avoir une meilleure connaissance des règlement et subsides en vigueur dans la province est une initiative intéressante et utile.
La mobilité est également pour UF fondamentale dans la vie de nos concitoyens, dans nos vies à tous. Si les projets de créations de pistes cyclables et de soutien aux petits chemins sont des éléments indissociables d’une politique de mobilité réussie, ils sont loin d’être les seuls. Le développement d’infrastructures importantes et leurs conséquences sur la mobilité doivent également être suivis de près et ce même quand elles ne sont pas du ressort provincial. UF a à ce titre eu l’occasion de rappeler son attachement à des solutions concertées avec la Région de Bruxelles Capitale et des communes concernées dans le dossier du Ring autour de Bruxelles.
Par ailleurs, les changements infrastructurels opérés à un plus petit niveau peuvent également et de manière considérable perturber la fluidité du trafic existant. Il existe de nombreux exemples où la théorie consistant à concentrer le trafic routier sur les grands axes ne tient pas la route face à la réalité. UF insiste donc pour que dans sa politique de mobilité la majorité fasse preuve de sens pratique sans sacrifier sur l’hôtel des bonnes intentions le quotidien déjà souvent difficile de nos habitants en terme de déplacement.
La vie des nos habitants est également rythmée par notre économie. A cet égard l’économie locale, de proximité, y joue un rôle extrêmement important. Pour ce faire, le « detailshandelsbeleid » est atout solide pour nos communes. UF propose que soit également lancé (à l’instar de ce que la province du Limbourg à fait) le même type d’étude et de subsides au bénéfice du (re)développement des marchés dans nos communes. Les marchés répondent à un nombre important de nos préoccupations provinciales telles que le développement économique, mais aussi l’agriculture, le soutien aux produits du terroir, et pour ne rien gâcher, à l’heure ou l’on ne se connaît plus, l’existence d’un marché est un facteur de développement important de la vie sociale d’une commune.
Trouver un logement abordable reste une préoccupation importante pour tous. UF ne peut que montrer son accord sur les montants importants destinés à cet objectif par le biais d’investissements ou par le biais de prêts sans intérêts. UF tient ici à rappeler que les initiatives prises à différents niveaux en vue d’améliorer l’accessibilité aux logements ne doit en aucun cas être prétexte à une politique d’assimilation forcée voir de discrimination. UF compte sur la vigilance de notre députation à cet égard.
Dans ces temps difficiles pour beaucoup, UF souhaite attirer l’attention de la députation sur le risque plus grand pour des isolés de se retrouver dans une situation financière difficile. Il est établi que ce sont principalement les femmes et leurs enfants qui en sont les premières victimes. Que ce soit au travers des actions proposées par la députation dans la lutte contre la pauvreté, mais aussi les programmes d’aides à la santé, de soutien au logement ou encore de soutien à la création de place d’accueil pour petits, nous demandons qu’une intention particulière soit réservée à ces personnes fragilisées.
Si nous avons souhaité une allocution équilibrée afin de démontrer notre volonté de travailler des bancs de l’opposition de manière constructive et au bénéfice de tous, pour les raisons évoquées dans ce discours, nous ne voterons pas pour le plan pluriannuel ni pour le budget. Nous remercions encore néanmoins la députation pour son travail et l’assemblée pour son attention.30